Depuis combien de temps n’avait-il pas vu Vanessa déjà ? Il avait bien l’impression que la dernière (et la première) fois était à cet événement organisé par Disney il y a dix ans. Il faut dire que l’occasion de la revoir ne s’était pas présentée et ni lui ni elle n’avaient provoqué cette occasion. À bien y réfléchir, la chose aurait été compliquée dans tous les cas puisque Hayden s’était retiré de la vie publique il y a bien longtemps déjà, qu’il vivait plutôt reclus dans sa ferme dans la campagne canadienne avant de s’installer à Astoria et que les seules fois où il se rendait à Los Angeles, c’était pour voir sa fille et personne d’autre. Vanessa, quant à elle, avait eu sa carrière, sa vie à Los Angeles et probablement ailleurs. On sait tous de toute manière que, dans ce métier, les amitiés et tout autre lien affectif sont difficiles à entretenir. Il y avait le téléphone bien sûr, mais ce n’était définitivement pas pareil, surtout qu’Hayden s’en éloignait le plus possible, n’aimant pas particulièrement cela. Maintenant qu’ils vivaient tous les deux à Astoria, ils pourraient beaucoup plus se voir et aussi longuement qu’ils le voulaient. Le seul ennui était assurément les paparazzi s’ils décidaient de se faire des sorties en extérieur. Dans tous les cas, ce n’était qu’un détail dans l’histoire : tout ce qui importait à Hayden, c’était de pouvoir revoir enfin. Et que de changements dans leur vie depuis le temps ! Dans quatre mois elle deviendrait maman et lui était devenu père d’une petite fille de sept ans entre temps.

Hayden était en train d’envoyer son dernier SMS à Vanessa pour lui annoncer qu’il n’allait pas tarder à partir et qu’il serait là dans une petite heure, grand maximum. En réalité, il n’avait qu’à se préparer, se parfumer un peu, histoire d’être présentable. En moins d’un quart d’heure, c’était plié et il prenait sa voiture pour se rendre chez son amie dans le quartier ouest de la ville, non loin de la plage et de la mer. Si le temps et les températures étaient cléments, peut-être qu’en fin d’après-midi, ils pourront se balader le long de la mer. Le temps de rejoindre cette partie d’Astoria, Hayden mit une vingtaine de minutes pour arriver chez Vanessa. Il se garait dans l’allée qui bordait sa maison puis, une fois devant l’entrée, il sonnait à la porte. Quand Vanessa apparaissait derrière elle au moment d’ouvrir, Hayden lui offrait un gigantesque sourire à la hauteur de son contentement de la revoir. Elle n’avait pas changé ! Ou pas tant que cela. Lui avait pris quelques rides, mais il trouvait que ça lui allait bien. Il n’en faisait pas une fixette. En la voyant, il ne put s’empêcher de plaisanter avec elle. « Y a pas à dire... Je peux définitivement te mettre dans ma poche. » Il ne retenait pas son rire à la suite de sa blague en référence à leurs messages. En même temps, il lui donnait l’accolade en guise de bonjour et ajoutait : « Je suis vraiment trop content de te revoir. » en lui donnant une caresse amicale dans le dos tandis qu'il la serrait contre lui.

@Vanessa Hudgens

Le sourire d’Hayden s’étirait quand il sentait les bras de la jeune femme glisser autour de son cou. « Tu sais… Ça fait un peu phrase de vieux con, mais… Profite. Parce que tu clignes des yeux une fraction de seconde et c’est comme ça que tu t’aperçois que dix ans sont passés en un éclair. » Voilà le constat qu’il faisait au sujet du temps qu’ils avaient mis avant de se revoir : autant l’un que l’autre, ils n’avaient pas vu les années défiler. Vieillir n’était pas pour autant quelque chose qu’il vivait mal. Il le prenait même plutôt avec philosophie. Les choses étaient ainsi faites de toute manière. Il était inutile de se battre contre la nature de l’Homme — naitre, vivre, ne rien voir passer, vieillir, mourir. C’était comme ça: d’une implacable banalité. N’étant pas particulièrement croyant, Hayden n’avait pas peur du néant qui se trouvait derrière cette fameuse mort qu’un bon nombre redoutaient tant. Il n’en faisait pas un tabou. Pourquoi après tout ? Il avait eu une bonne vie dans l’ensemble et suivait la philosophie du « qui doit se retrouver se retrouvera. » Si cela ne s’était pas fait avant avec Vanessa, c’est que ce n’était pas le bon moment selon les Cieux. C’était aujourd’hui, ce moment attendu. Alors, il profitait de cet instant qu’il lui était offert aujourd’hui.

Quand Vanessa lui faisait signe de rentrer, l’acteur ne se fit pas prier. Une fois à l’intérieur, il se débarrassait de sa veste en jean qui, avec le recul, était fort inutile vu la chaleur qui régnait à l’extérieur. Il restait en tee-shirt et accrochait son vêtement sur le porte-manteau dans l’entrée. Hayden s’attardait brièvement sur la décoration et l’aménagement du salon. Sans faire de commentaires particuliers, il se dit que Vanessa devait être à l’aise ici et s’y sentir bien, du moins, il l’espérait pour elle. Pendant un bref instant, il lui enviait sa vue magnifique sur la baie. Si le quartier était moins passant, il aurait sans l’ombre d’un doute acheté une maison ici. Mais le Canadien aimait beaucoup trop le calme, la campagne et la solitude qu’offrait East Land, le quartier le plus éloigné d’Astoria et où les paparazzi ne trainaient pas trop. Enfin, il l’espérait. « T’as une vue de dingue. Ça doit être magnifique quand le soleil se couche. » affirmait-il avec un sourire jusqu’aux oreilles avant que Vanessa lui fasse sa proposition. « Ah, tien, je veux bien que tu me fasses visiter ton petit nid ! Et après on se boira un verre sur ta superbe terrasse face à la mer. » Il y avait notamment un pouf dans le coin de cette dernière qui lui faisait sacrément de l’œil et dans lequel il rêvait de s’affaler.

Il suivait alors la jeune femme au travers de sa maison. « Tu as commencé la chambre du bébé ou pas du tout ? » Même si elle et le père de l’enfant préféraient ne pas connaitre le sexe avant l’accouchement, Vanessa avait très bien pu commencer à installer deux, trois meubles et décorations aux couleurs mixtes ou neutres. « D’ailleurs… Si tu as besoin d’aide, n’hésite pas. » Altruiste, il le proposait tout naturellement à son amie. Hayden ne savait pas dans quelle mesure le père était impliqué dans cette grossesse, mais dans le doute… Des mains en plus, ce n’était jamais de trop. C’est en posant cette question qu’Hayden s’interrogeait sur le géniteur de cet enfant, par pure curiosité maladive. C’était un véritable défaut chez lui, ou une qualité — ça dépend des gens. Il lui semblait que Vanessa n’était pas en couple et qu’elle vivait seule. Forcément, cette situation le ramenait inexorablement à la sienne avec Adelaide et Tricia qui lui manquait énormément et auprès de laquelle il ne pouvait malheureusement pas être impliqué comme il n’était pas son père biologique et que Ben n’allait vraisemblablement pas lui laisser de place dans sa vie en raison de sa jalousie. Hayden était encore amer à cause de cette histoire, même s’il prétendait le contraire. N’osant pas poser une question aussi intime à Vanessa et souhaitant ne pas penser à son histoire qui risquerait de réveiller des choses désagréables en lui, Hayden préféra se taire. Il ne voulait surtout pas être intrusif ou mettre Vanessa dans l’embarras alors qu’ils venaient de se retrouver. Il choisit de se concentrer sur autre chose — les pièces qu’elle lui montrait par exemple.

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En visitant la maison aux côtés de Vanessa, Hayden se dit qu’elle s’était dégotée un chouette endroit pour vivre. Il était persuadé que l’enfant qu’elle élèverait ici (et d’autres, qui sait ? Si elle en avait envie, bien sûr) serait le plus heureux du monde. Pour la connaître plutôt bien, il ne doutait pas non plus du fait qu’elle soit une bonne maman — l’enfant à naître était chanceux. De toute manière, personne n’avait le mode d’emploi pour ces choses-là et chacun faisait comme il pouvait. Tant que l’enfant était bien, c’était tout ce qui importait.

En filigrane, elle abordait d’ailleurs un sujet plus sensible — la perte possible de son bébé. Même si les temps dans lesquels ils vivaient tous les deux assuraient des grossesses sans problème aux mamans grâce aux avancées médicales, personne n’était jamais à l’abri. Hayden comprenait alors son excès de précaution. Lui-même, quand Rachel était enceinte de Briar, il n’avait pu s’empêcher de s’inquiéter à outrance pour tout et rien, ayant sans cesse peur de perdre sa fille. Ça avait été la même chose au début de la grossesse d’Adelaide avant qu’il ne parte. Ce sentiment l’habitait toujours bien entendu avec Briar (et Tricia, la fille d’Adelaide, aussi quelque part) comme il était un véritable papa poule avec elle, mais il savait le maîtriser pour ne pas transmettre son stress à Briar — chose réussie comme c’était une petite fille intrépide et qui n’avait peur de rien. « Je comprends. Même si tu es à cinq mois… On sait jamais. » Il lui adressait un sourire qui se transformait en rire à la suite de sa question. « Ouhla non ! Ça par contre, je te laisse dans ta galère hein, moi ça fait longtemps que j’en suis sorti… Pas sûr que j’ai envie d’y retourner ! » Petit mensonge : Hayden rêverait d’être père à nouveau. Mais depuis l’histoire avec Adelaide… Il préférait ne pas y penser. Beaucoup trop douloureux.

La visite terminée, il rejoignit le salon avec Vanessa. « Je veux bien une bière si tu as, s’il te plait ! » Il se rendait ensuite sur la terrasse. Il prit quelques secondes pour admirer la vue, surtout les vagues qui s’écrasaient avec nonchalance contre le sable, le décorant d’une légère écume scintillant sous l’effet du soleil couchant. Hayden adressait un énième sourire à Vanessa quand elle l’avait rejoint, la remerciait pour la bière et s’écrasait à ses côtés sur le pouf qui lui faisait de l’œil tout à l’heure en poussant un soupir de satisfaction. Il prit le temps de boire une gorgée avant de lui répondre. « Non. Je suis carrément à l’autre bout de la ville, limite près de la forêt dans le East Land. J’ai acheté un ranch là-bas. J’y suis tranquille avec mes chevaux, mes poules, mes chèvres et mes moutons. » Pas commun dans ce milieu d’avoir cette petite vie d’éleveur en parallèle de sa vie d’acteur. Mais Hayden était quelqu’un de simple et avait toujours su cultiver cette simplicité au gré des années. Il était épanoui comme ça. Pourquoi changer ? « Tu pourras venir avec ton petit bout si tu veux. Ou même sans, d’ailleurs. Ma porte est grande ouverte pour toi. » Il lui adressait un sourire qu’il noyait dans une gorgée.

@Vanessa Hudgens

Spoiler:

So good to see you again

     
 

Avec le temps, la brunette avait appris à ne pas se laisser envahir par ce que les gens pouvaient bien dire ou penser d'elle. Seul l'opinion que ses proches pouvait avoir comptait. S'ils étaient fiers d'elle ou heureux pour elle, c'était tout ce qui comptait à ses yeux. Elle se sentait très proche d'eux, peut-être encore plus maintenant qu'elle était enceinte. Elle savait cependant que cela venait d'un grand travail sur elle-même et elle n'oubliait pas de là où elle venait. Ni par où elle était passé. Au début de sa vie de jeune adulte, des photos d'elle en petite tenue avait été volée sur ses ordinateurs privés et diffusés sur Internet, par exemple. La personne qui avait eu l'idée de le faire avait été condamnée, mais le mal avait été fait malgré tout. Aujourd'hui, elle ne réagissait plus aux rumeurs et aux ragots qui pouvaient bien courir sur elle. Sauf récemment, lorsque son ex-petit-ami avait décidé de la faire passer pour une menteuse manipulatrice, elle ne savait pour quelle raison.

C'était d'ailleurs pour son bébé qu'elle avait réagi, ne supportant pas que Cole puisse réussir à se faire de l'argent sur leur dos. Non seulement il allait perdre chaque centime gagné pour ces interviews, mais elle comptait bien lui faire débourser une partie de son compte bancaire. Qu'elle offrirait par la suite à une association quelconque, peut-être une défendant le droit à l'avortement, par exemple. « Exactement, on ne sait jamais » répondit-elle, avant de taquiner son ami en lui demandant s'il voulait venir lui donner un coup de main pour les biberons de la nuit. « Bon et bien il ne me reste plus qu'à espérer que ce bébé tienne de moi et fasse ses nuits au bout de quatre semaines » rigola-t-elle malicieusement.

Ils se rendirent par la suite sur la terrasse de l'actrice, qui fit un rapide passage pour leur servir à boire. Elle décapsula la bière d'Hayden et s'installa à ses côtés dans l'un de ses poufs. Elle les adorait, cela faisait des années qu'elle rêvait d'en avoir. C'était désormais une chose faite. Même si elle craignait ne plus réussir à en sortir avec grâce une fois que son ventre aura pris un peu plus de place que maintenant. Nessa questionna Hayden sur l'endroit où était située sa maison et appris sans grande surprise qu'il était installé à l'extérieur de la ville avec tous ses animaux. Elle l'imaginait très bien en éleveur avec son chapeau de paille vissé sur la tête. « Je viendrai avec plaisir » lui assura-t-elle avec un sourire. Elle comptait bien honorer sa promesse, après tout il serait stupide de laisser passer dix autres années alors qu'ils s'entendaient aussi bien que cela. « J'hésitais à prendre un animal moi aussi, peut-être un chat... Il faudrait que je me renseigne à la SPA du coin, ils en ont sûrement » Elle réfléchissait à voix haute, avant de porter la cannette à ses lèvres. Elle préférait donner une deuxième chance à un animal de refuge plutôt que d'adopter un chaton. Si son enfant tenait d'elle pour cela aussi, il lui casserait sans doute les pieds dans quelques années pour avoir son chaton à lui.

Sortant de ses pensées, la brune reporta son attention sur son ami retrouvé. « Alors, qu'est-ce que tu me racontes de beau? Comment va ta progéniture? » Elle parlait avant tout de Briar, ne souhaitant évidemment pas le mettre dans l'embarras en le forçant à révéler des choses qu'il n'avait pas envie de partager. Sa question était donc totalement ouverte, lui lançant la liberté de lui donner ce qu'il avait envie.

feat. Hayden Christensen

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Spoiler:

C’est tout naturellement qu’un sourire vint se loger sur les lèvres d’Hayden quand Vanessa accepta sa proposition. Inviter des gens chez lui était toujours un petit événement en soi pour lui qui était extrêmement casanier et surtout solitaire. Si ce geste était parfaitement anodin pour le commun des mortels, laisser d’autres personnes entrer dans son intimité était une grande preuve de confiance de la part de l’acteur et Vanessa faisait assurément partie de ce cercle de confiance malgré les dix années passées sans se voir. Il acquiesçait ensuite quand elle évoquait son projet d’adoption. « C’est bien pour le développement des enfants en plus. Ça leur fait une compagnie et quand ils sont un peu plus grands, ça leur donne le sens des responsabilités de façon ludique. » Hayden parlait indirectement de son propre cas puisque, dès que Briar avait souhaité avoir un animal, Rachel et lui avaient toujours tenu à lui rappeler que ce n’était pas un jouet et que si elle en voulait vraiment un, c’était à elle de s’en occuper — une chose que la petite fille avait toujours prise à cœur, avec l’aide de ses parents bien entendu.

Comme si Vanessa avait lu dans les pensées de l’acteur, cette dernière poursuivait justement la conversation en mentionnant la fillette. Hayden profitait de ce moment pour boire une gorgée de sa bière, l’air pensif. « Oh moi… Rien de bien particulier. Le train-train quotidien quoi. Je travaille beaucoup. J’ai personne depuis un an, même pas un truc vite fait comme ça. » Il lâchait un petit rire mi-gêné, mi-résigné. Dire que sa vie sentimentale était un désert était un euphémisme total — le vide sidéral serait plus juste. Mais difficile de trouver quoique ce soit quand une autre hante constamment vos pensées, même si Hayden savait qu’il avait très peu de chance de retourner un jour avec Adelaide. Il commençait seulement à envisager de se trouver quelqu’un d’autre pour refaire sa vie, mais c’était plus facile à dire qu’à faire, surtout quand on était aussi solitaire que lui.

Sans trop s’appesantir sur lui, il préférait parler de sa fille — le sujet derrière lequel il adorait se cacher. « Puis Briar… Ça va. Dans l’ensemble. » Sa fille allait, certes, bien, mais elle était un peu perturbée par toutes les histoires de son père avec Adelaide Kane qu’elle appréciait beaucoup au demeurant. On sentait dans sa façon de parler d’une voix un peu trainante et détachée qu’Hayden était soucieux et que quelque chose le pesait. Comme pour noyer cette pensée, il reprit une gorgée de sa boisson, mais ce fut sans effet. Il poussait alors un soupir et décida de se confier, d’un air timide. Peut-être que ça lui ferait du bien. « J’ai eu une autre fille au début de l’année… En février. Elle s’appelle Tricia. » Il tournait brièvement sa tête vers Vanessa pour lui adresser un sourire triste avant de fuir son regard et s’attarder sur la mer qui s’échouait inlassablement sur le sable fin. « Mais… J’ai pas le droit de la voir. Parce que… C’est… Pas ma fille de sang, quoi. Et son… père m’aime pas des masses. Moi non plus. Alors voilà. » Vanessa ne pouvait pas imaginer à quel point ça lui faisait mal de désigner Ben comme le père de Tricia alors qu’il n’était que son géniteur dans la tête d’Hayden. C’était déplacé de sa part de penser de la sorte, mais pour lui, c’était lui qui avait la place la plus importante dans cette histoire, pas Ben. Parce que c’était à lui qu’Adelaide avait annoncé être enceinte au départ, lui qui avait aimé cet enfant en premier, lui qui avait assisté à l’échographie avant de fuir quand il avait appris par la presse à scandales que Ben était en réalité le père biologique. Les conflits entre Adelaide, Ben et lui ainsi que sa lâcheté ne changeait rien au fait que Tricia serait éternellement sa fille dans son cœur au même titre que Briar. Il ne l’avait jamais vu, si ce n’est en photo (une seule, unique, qu’il gardait précieusement dans son téléphone comme s’il tenait le Graal entre ses mains), avait tout fait pour ne pas s’attacher à elle durant les quelques mois de grossesse qu’il avait passés aux côtés d’Adelaide qui était à ce moment-là encore sa compagne, mais Hayden n’avait pas réussi à se détacher de ce bébé qui n’avait rien demandé. Il pensait avoir fait le deuil de cette histoire, et pourtant elle pesait encore lourdement dans son cœur. « C’est comme ça. » concluait-il après un silence dans un hochement d’épaules, considérant Vanessa d’un œil triste. Hayden avait ses torts dans cette histoire, il voulait les réparer, mais il avait la rancœur tenace. Il terminait sa bière d’une traite pour digérer le tout, silencieusement.

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Étrangement, pour le grand timide qu’il était, la proximité que Vanessa avait installée entre eux n’effrayait pas ou n’angoissait pas outre mesure Hayden. Au contraire, elle l’apaisait assez. Il avait la fâcheuse tendance à se laisser rapidement dépasser par ses émotions, surtout quand elles étaient négatives. Alors… Sentir simplement sa tête se caler contre son épaule l’aidait à penser à autre chose. Hayden ne la repoussait pas d’ailleurs quand elle posait sa main sur la sienne, la prenant instinctivement avec une certaine délicatesse. « Je crois que, tant que le père et moi aurons mutuellement un grief contre l’un et l’autre et qu’aucun des deux ne se décide à faire l’effort… Ça restera comme ça. Mais même avant cette histoire, il a jamais pu me blairer, alors. Puis moi j’ai pas envie de m’écraser. » Hayden avait sa petite fierté malgré tout. Il avait déjà tout perdu avec cette histoire alors, il n’allait certainement pas ramper au pied de qui que ce soit pour le supplier de voir Tricia. C’était grotesque parce qu’il se privait tout bêtement du nourrisson. Très clairement, ce n’était qu’une question d’égo qui était en jeu dans cette histoire, un pur combat de coqs assez ridicule quand on y pense. Mais Ben avait un sale caractère, Hayden aussi même s’il était quelqu’un d’accommodant en général. Donc la situation était définitivement dans une impasse à cause de ces petites guéguerres puériles. Heureusement, Hayden s’entendait encore plutôt bien avec Adelaide. Leurs discussions étaient certes pataudes et maladroites parce qu’ils ignoraient comment se comporter avec l’un et l’autre, mais… le feeling était encore là malgré tout.

Contrairement à ce que sous-entendait Vanessa à travers sa seconde question, il n’y avait malheureusement rien à faire. Hayden avait toujours répété à Adelaide que cela s’arrangerait avec le temps et il croyait encore à cette philosophie attentiste en accord avec sa personnalité. L’acteur était du genre à se laisser porter par le courant, quitte à prendre le risquer d’emprunter le mauvais chemin. Si son destin était écrit ainsi, et bien… Tant pis. Toutefois, il n’allait pas répondre à Vanessa de façon aussi alambiquée. Il se reposait sur quelque chose de bien plus terre à terre : « Je crois pas qu’il y ait quelque chose de spécial à faire pour moi… La situation est déjà assez compliquée comme ça, t’as d’autres choses à penser. » Sa grossesse entre autres. « Mais… Juste être présente… Ça me suffit. » Un sourire discret et plutôt timide naissait dans le coin de ses lèvres. Dans son élan, alors qu’il tournait sa tête vers elle, Hayden se permit de déposer un baiser sur le sommet de sa tête qui reposait encore sur son épaule. Dans un souci de la rassurer au sujet de son état, il lui donnait des caresses réconfortantes, subtiles et très discrètes sur le dessus de sa main qu’il avait encore dans la sienne. « T’en fais pas pour moi, ça va aller. » concluait-il avant de terminer sa bière qu’il tenait dans sa main libre, le regard tourné vers l’horizon en déclin.

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Parler avec Adelaide pour tenter de trouver une solution ou essayer de la convaincre de servir de pont et de médiatrice entre Ben et lui était effectivement une solution. Mais cette solution impliquait qu’Hayden lui parle dudit sujet avec elle, qu’il mette Ben sur la table, leur rancœur aussi… Et Hayden craignait que sa colère froide prenne le dessus avant d’exploser, que la conversation se mue en dispute et que rien de concret ne ressorte de tout ça. Il craignait que la conversation empire cette situation au demeurant complexe. La liste de ses peurs se déroulait dans sa tête à mesure que Vanessa lui soumettait des idées. Là était le cœur du problème : Hayden avait peur de tout perdre définitivement s’il laissait ses émotions le dépasser, déjà qu’il avait perdu tant de choses. Il appréciait cependant que Vanessa s’implique — une preuve qu’il pouvait réellement compter sur elle en toute circonstance. Il en allait de même pour lui, même si elle l’appelait en plein milieu de la nuit à trois heures du matin pour un quelconque problème. Maintenant qu’il l’avait retrouvé, il serait aussi souvent que possible là pour elle.

Vanessa réussit le tour de force de chasser les nuages qui planaient au-dessus de la tête d’Hayden en affirmant qu’il lui avait volé sa réplique. Il se reculait un peu pour pouvoir la regarder et lui expliquer le plus sérieusement du monde : « Je sais que c’est ta phrase, je répète juste mon rôle ! Je te l’ai pas dit ? J’ai été choisi pour t’incarner dans un biopic sur toi. Je m’entraine, c’est tout ! » L’observant, il pinçait ses lèvres entre elles pour se retenir de rire. Il avait parfaitement conscience de sa bêtise et c’est pour cela qu’il finissait par exploser de rire. Mais pas le temps de s’attarder puisque Vanessa préférait s’appesantir sur une promesse, un pacte entre eux. Hayden reprenait bien vite son sérieux, lui adressant un doux sourire. « Promis. Mais seulement si tu fais de même. Pour parler ou pas parler. » Parce que, comme Vanessa le pensait si justement… Parfois, seule une présence suffisait. Et ça allait parfaitement à Hayden qui n’était pas bien fort avec les mots — plus les années passaient et plus il devenait laconique. La preuve en est : une fois les promesses faites, il laissait couler un silence.

Un silence que Vanessa interrompait une nouvelle fois. S’il était avant tout accaparé par le paysage, Hayden se tournait son visage vers elle quand elle s’adressait à lui. Briar était chez sa mère, alors il n’était pas bien occupé. « Rien de particulier. Je suis tout à toi si tu veux. » Son rictus était plus joueur. Il se levait cependant du pouf, rendant à la main de Vanessa sa liberté. Une fois debout, lorsqu’il se tournait vers elle, il ajoutait. « Je te propose deux choses : soit je t’emmène au restaurant, soit je te fais découvrir mes talents culinaires. Tu préfères quoi ? » De son côté, il préférait la deuxième solution pour éviter les ragots et les paparazzi. Mais si Vanessa choisissait le restaurant, il ne cracherait bien évidemment pas dessus.

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Quand Vanessa avait entrepris de se lever, Hayden l’aidait sans aucune hésitation. D’une part par pure galanterie et d’autre part parce qu’il avait des souvenirs de Rachel qui, bien assez tôt dans sa grossesse, avait été limitée dans ses mouvements. À sa question, il lui adressait un sourire joueur, presque plein de défi. « Mais je suis un cuistot tout terrain, moi, madame ! Aucune casserole me fait peur donc je vais me frotter aux tiennes. » Il concluait sa phrase par un clin d’oeil avant de retourner à l’intérieur. Toutefois, il s’était arrêté au moment de rentrer, se tournant vers Vanessa. « Elles mordent pas tes casseroles au moins ? » Pendant un bref instant, il eut un air peu rassuré au visage avant de succomber à son rire qu’il retenait depuis quelques secondes. Il s’engouffrait définitivement dans le salon ensuite, rejoignant la cuisine qu’il fit rapidement sienne.

Puisqu’il était le cuistot du jour, il ne se gênait pas pour ouvrir les différents placards et trouver l’inspiration. On ne dirait pas comme ça, mais Hayden savait plutôt bien cuisiner, voire très bien. Il tenait ça de sa grand-mère chez laquelle il avait passé bon nombre d’étés à New York et qui lui avait tout appris. C’était cliché, mais avec les origines sicilo italiennes de sa grand-mère, il en savait un rayon dans ce domaine. « J’espère que je vais faire honneur à ma nonna, parce que si je foire un truc, tu peux être sûre que, le jour où elle meurt, elle va revenir de l’au-delà juste pour me hanter. Et le jour où je vais mourir, elle va me poursuivre jusqu’à la fin des temps au paradis ou peu importe où on sera. Elle oublie rien cette femme, c’est dingue, je te jure ! Rancunière comme pas possible. » Il pouffait encore de rire en y pensant. Sa gausse était plus vive quand il se rappelait un tragique épisode de pâtes ratées où sa grand-mère avait pesté pendant un bon quart d’heure en lâchant des jurons dans une langue qu’Hayden ne parlait pas. Si le garçon de onze ans avait été mort de rire ce jour-là, sa grand-mère avait juste eu envie de le tuer. Elle était clichée, mais il l’aimait comme ça. Alors, il avait intérêt à faire les choses bien ce soir ! Durant sa fouille, puisqu’il trouvait des aubergines, des tomates, de la mozzarella, du jambon cru et du parmesan, il se dit qu’il allait lui faire un gratin d’aubergine à la sicilienne. Si le temps ne se prêtait pas à ce genre de plat, au contraire : c’était très léger. Il espérait cependant ce souvenir de la recette. Au pire… Il chercherait sur internet.

Quand il commençait la préparation, c’est à dire, couper les aubergines en rondelles après les avoir lavées, un souvenir remontait à la surface, malgré lui. Il se souvenait de son premier rendez-vous avec Adelaide qui était un peu dans la même configuration. Sauf que cette fois-là, il avait fait des bolognaises et ils avaient bu un vin immonde, propice à de nombreux rire. Il était nostalgique, affichant un sourire un peu plus nuancé, mais il ne laissait pas pour autant la mélancolie l’envahir. Il était avec Vanessa, là, et le moment était plus qu’agréable, souhaitant qu’il s’éternise un peu, alors autant ne pas le gâcher avec des broutilles. Quand Vanessa l’avait rejoint en cuisine, il lui demandait, sans que son sourire et sa bonhomie habituelle le quittent. « Tu veux m’aider ou tu te contentes de regarder ? » Il parlait bien évidemment de la préparation du plat bien sûr. Il lui jetait un bref regard avant de se reconcentrer sur sa préparation qui restait simpliste : comme à chaque fois, c’était la découpe des légumes et du reste qui prenait du temps.

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Il fallait le reconnaitre, Hayden était ravi que Vanessa le rejoigne de l’autre côté du comptoir. Cuisinier ensemble était bien plus sympa, même s’il n’avait jamais craché sur une discussion avec elle pendant qu’il était derrière les fourneaux. Au moins… Si les casseroles se décidaient à le mordre, comme Vanessa lui avait expliqué dans sa mise en garde, il aurait quelqu’un pour le défendre contre cette attaque d’ustensiles. Cette pensée qui courrait dans son esprit lui fit réprimer un rire avant qu’il ne se tourne vers Vanessa, le visage guilleret. « Bon, j’ai prévu un truc simple et pas trop chaud malgré ce que son nom laisse sous-entendre : un gratin d’aubergine à la sicilienne. J’en ai jamais fait, donc j’espère que ça va être bon. » Bien sûr que ça sera bon ! Il s’était autoproclamé cuistot tout terrain après tout, alors rien ne devrait lui résister ! Puis avec Vanessa à ses côtés, c’est sûr qu’ils formeraient une petite équipe de choc. Il n’y avait rien de franchement compliqué de toute façon dans cette recette.

En tout cas, Hayden prenait son rôle de chef de partie très à cœur (peut-être devrait-il envisager sérieusement une reconversion ?) Il déposait avec soin les tomates devant Vanessa avec l’épluche-légumes. « Tiens, commence avec les tomates ! T’enlève le trognon et après pèle-les avec l’éplucheur, ça fera une surface bien lisse et c’est plus pratique qu’avec un couteau. Ensuite, t’auras plus qu’à les couper en rondelles, mais assez fines par contre. Faut que ça donne à peu près la même consistance qu’un tian de légumes, si jamais tu vois ce que c’est. » Il avançait ensuite vers elle, trois gousses d’ail. « Après, t’auras juste à les faire en chemise — c’est à dire, les écraser simplement avec la lame d’un couteau, sans les éplucher, comme ça. » Il farfouillait dans deux, trois tiroirs avant de tomber sur un couteau à viande pourvu d’une lame assez large. Il la posait contre l’une des gousses et appuyait en même temps sur le manche et la pointe du couteau d’un coup sec pour que ça l’écrase. Il les déposerait simplement dans le plat après pour que ça ait plus de goût. « Fais attention à pas te blesser hein ! Ça parfume mieux le plat de les cuisiner comme ça. Normalement, on fait de l’ail en chemise pour la viande, mais là… C’est ma petite touche perso, disons, pour tester ! » Première règle en cuisine : être audacieux. Bon, ça n’avait rien d’exceptionnel comme Hayden était très loin d’être un grand chef, mais… C’est avec de petits pas qu’on faisait de grandes avancées. Une fois ces brèves explications terminées, il retournait à la découpe de ses aubergines en lamelle fine. Puis il s’occupait des oignons qu’il épluchait avant de les émincer finement.

Pendant qu’il s’attelait à cette préparation, dans un souci de faire la conversation, une question taraudait l’acteur sans qu’il n’ose la poser pour le moment comme il la jugeait indiscrète. Mais… Il s’était confié un peu sur sa vie alors, il pensait légitimement qu’un climat de confiance s’était installé entre eux. C’est pourquoi, après un bref moment de silence, il osait enfin. « Dis… Je peux te poser une question ? Hésite pas à me dire si c’est trop personnel, hein. » Il faisait une petite grimace quand son regard croisait celui de Vanessa. Il fuyait un peu quand il disposait ses légumes découpés dans un plat. « Ça va avec le père de ton bébé ? » Il estimait que c’était la meilleure formulation qu’il pouvait trouver pour aller à la pêche aux informations sans risquer de froisser la jeune femme si jamais elle était en mauvais termes avec lui.

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