C'est en courant à moitié que la jeune femme sort de la salle de bain embuée et se dirige vers la cuisine. Elle ne prend pas le temps d'éteindre la lumière - elle le fera après. Pour l'instant, elle a plus urgent à gérer : arrêter le four et en sortir le plat qui y résidait jusque-là. Elle soupire de soulagement en constatant que le repas n'est pas brûlé. Heureusement, parce qu'elle a un invité ce soir. Et un invité de marque ! Il y avait donc plutôt intérêt que tout soit parfait ou, en tout cas, aussi parfait que possible. Le plat sorti et posé sur l'îlot central de sa cuisine nouvellement aménagée, Emma enlève et pose juste à côté la manique qui lui a évité, à elle aussi, de se brûler dans le process.

Elle défait ses cheveux qui étaient attachés en pagaille et refait un chignon hasardeux mais fort confortable. Et pas si moche, dans le fond. Une petite caresse sur le crâne de Sophie, son chien, qui vient de s'approcher d'elle et Emma retourne direction la salle de bain. Rien n'a brûlé mais elle a désormais besoin de quelques minutes pour achever sa préparation à elle.

Quelques instants plus tard, tout est terminé et prêt - elle inclus. Ses cheveux ont été recoiffés et un maquillage très léger masque la fatigue dû au décalage horaire. Ses vêtements sont très simples aussi, un simple pantalon gris ample et un tee-shirt blanc à l'effigie de The Rolling Stones. C'est un anglais qu'elle accueille ce soir, après tout. Il convient de 1) réussir les fish&chips préparés avec amour et 2) porter fièrement les couleurs de leur pays d'origine. Elle aurait pu mieux faire qu'un groupe de musique certainement, mais c'est tout ce qu'elle a trouvé. Il va falloir qu'elle remplisse un peu sa garde robe. Elle alterne tellement entre sa vie à Astoria et sa vie à Londres, qu'elle n'a pas toutes ses affaires des deux côtés. Et elle ne se promène pas toujours d'un pays à l'autre avec tout ce qu'elle possède. Ce serait inimaginable.

La sonnette de la porte d'entrée vient de sonner. Emma n'a qu'à jeter un oeil à l'horloge de la pièce dans laquelle elle se trouve, pour deviner qu'il s'agit bien de William. C'est environ l'heure à laquelle il avait prévu de venir. C'est donc guillerette, au moins autant que sa chienne qui la suit, qu'elle va ouvrir à son invité du jour. L'appartement est propre, rangé et les cartons enfin tous vidés. C'était le moment ou jamais de l'inviter et de lui faire visiter.

Un large sourire aux lèvres, Emma ouvre la porte et tombe nez à nez avec nul autre que William. Logique, elle s'y attendait. « Salut ! » Elle le prend rapidement dans ses bras pour une brève étreinte. « Je suis trop contente de te voir ! » Elle a toujours l'impression (mais comme avec à peu près tous ses proches) qu'il s'écoule une éternité entre deux rencontres. Logique, elle n'est amie qu'avec (ou presque) des personnes bien trop occupées. « Je t'en prie, entre. » Elle se recule d'un pas ou deux, juste histoire de le laisser entrer. Elle prend son temps avant de lui demander comment il va et de lancer ainsi les hostilités - ils ont, après tout, des heures devant eux.