Such a long time

@Adelaide Kane ☾

Margot s’était préparée psychologiquement à voir Adelaïde comme à chaque fois depuis qu’elle était enceinte et d’autant plus depuis que sa fille était née. Elle l’adorait, néanmoins savoir qu’elle avait eu son enfant lui rappelait qu’elle avait perdu le sien. Une défaite, un échec, un désespoir planant dans son esprit, Margot souffrait plus qu’elle pouvait l’affirmer. Elle voyait pourtant que son entourage essayait d’être présent, mais inutile de préciser qu’elle était tout simplement seule. Une solitude qui empoisonnait son esprit, qui lui rappelait que dans ces moments-là, on se retrouvait toujours seul. Margot s’armait d’un sourire, parce qu’elle voulait faire savoir à Adelaïde à quel point elle était heureuse. Certes, elle était triste d’avoir perdu son enfant, mais heureuse qu’Adelaïde et Ben aient pu avoir le leur. Elle était d’un certain côté, curieuse de savoir quelle était la relation entre Adelaïde et Ben actuellement. Elle le saurait sans doute d’ici peu.

« Je me disais, à une telle heure, je m’attendais à ce qu’elle nous fasse entendre sa jolie voix. » dit-elle en riant. Adelaïde prenait cela avec légèreté, néanmoins elle se doutait que le quotidien devait être plus que difficile. Un bébé, c’était une responsabilité à temps plein, c’était faire passer l’enfant avant soi. « Ca va mieux. » dit-elle. C’était un mensonge, naturellement. Elle y pensait constamment, perpétuellement comme-ci c’était présent en elle, qu’elle soit éveillée, en train de dormir, elle y pensait continuellement, pourtant des mois étaient passés, elle devrait sans doute être moins douloureuse, mais c’était tout sauf le cas. Elle en avait juste assez qu’on la fixe comme une malheureuse sans défense. « Et toi ? Tu habites toujours chez Ben ? » demande-t-elle alors.

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Cela faisait un an qu’elle avait perdu l’enfant qu’elle aurait dû avoir. Elle savait que certains devaient considérer cela comme une éternité, elle, considérait que c’était hier. Elle avait conservé tout ce qu’elle avait acheté concernant cet enfant. Tout était dans le garage qu’elle possédait. Elle avait d’ailleurs le projet de déménager, reprendre une vie plus légère, moins chargée de souvenirs. Margot avait conservé toutes les échographies, conservés la liste des prénoms qu’elle aurait voulu concernant cet enfant. Elle avait gardé les cadeaux qui lui avaient été offerts. Elle avait tout conservé, dans un endroit à l’abri, dans un endroit où elle pourrait les retrouver plus tard. Un jour, si elle en était capable.

« Elle va me faire découvrir sa ravissante voix. » dit-elle en souriant.

Ce fut une épreuve affreusement difficile mais elle était heureuse malgré tout que sa meilleure amie ait pu mener à terme sa grossesse après ce qu’elle avait pu vivre elle-même il y a quelques années. Adelaïde avait également fait une fausse-couche, néanmoins aujourd’hui elle avait une adorable petite fille, qui illuminait ses journées et l’empêchait de dormir la nuit.

« Et c’est tout ce qu’il y a entre vous ? Tricia ? » demande-t-elle.


Elle était en couple, Margot était avec Chris, du moins elle le considérait comme ça. Elle avait été seule à Thanksgiving de ce fait, Chris l’avait conviée. Elle s’était retrouvée avec la meilleure amie de Chris autour d’un repas, et était devenue officiellement sa petite-amie. Elle avait également retrouvé il y a peu de temps, quelqu’un avec qui elle avait eu une courte relation. Courte parce qu’il ne s’agissait que d’une nuit.

« Et bien, Chris et moi c’est officiel, hormis ça, j’ignore si je t’ai déjà raconté la nuit que j’ai passé avec un inconnu... » dit-elle alors. C’était il y a un moment, alors que Francisco connaissait une pause dans sa relation avec sa femme. « Francisco. » dit-elle simplement. Elle en avait parlé à Adelaïde mais ne s’était jamais étalée sur le sujet. « Apparemment il est à Astoria. » dit-elle haussant les épaules.

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Adelaïde était sa meilleure amie, alors évidemment, elle était heureuse qu’elle ait pu avoir cet enfant, néanmoins elle reconnaissait qu’il était difficile de voir qu’elle était désormais mère alors qu’elle-même aurait dû l’être. Tout comme il avait été difficile de rendre visite à son frère Lachlan. Il avait un fils dont elle était la marraine, et elle devait bien reconnaitre qu’il lui était difficile de passer du temps avec des enfants.

Margot ignorait ce que c’était d’être mère et c’était le plus grand regret qu’elle possédait. Actuellement, elle devait reconnaitre qu’elle se demandait si un jour elle parviendrait à être mère. Elle l’espérait néanmoins et malheureusement, cela l’effrayait. Elle était avec Chris, mais elle se sentait malgré tout un peu seule. Elle l’aimait, sans le moindre doute, mais il avait certains termes, certaines réflexions qui la faisait douter. Il lui répétait qu’il l’aimait et qu’il l’avait tant attendue, mais après tout, comment aurait-elle pu se jeter sous ses draps si rapidement, si rapidement après avoir perdu son bébé et que le père de cet enfant soit parti, comme ça, du jour au lendemain ?

« Arrête, vous avez passé tant de temps ensemble, et vous habitez ensemble, ça m’étonnerait pas que vous finissiez par vous remettre ensemble. » dit-elle avant d’ajouter. « Tu voudrais te remettre avec lui ? Tu penses que ce serait possible ? » demande-t-elle alors.

Margot avait fait un arrêt dans sa carrière puis elle fut obligée d’y retourner afin de reprendre pieds. Malheureusement, cela lui était difficile de travailler, elle y pensait sans arrêt. « Non, c’était il y a longtemps, bien avant que Chris et moi soyons prêts à nous mettre ensemble, bien avant qu’on ressente cela mutuellement. C’était il y a longtemps, c’est le parrain de mon neveu, et j’en suis la marraine. » dit-elle alors. « Cela dit... peu de temps avant de me mettre avec Chris, j’ai eu une relation avec un homme marié. C’était une relation sans lendemain, et… comment dire… c’est l’époux d’une amie. Nikki, Ian. » demande-t-elle en grimaçant.

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Margot ne tenait pas Adelaïde comme la responsable de ses malheurs et bien qu’elle ait eu des difficultés à accepter la grossesse de celle-ci par rapport à l’injustice de la sienne qui s’était achevée tragiquement, elle était heureuse que la grossesse de sa meilleure amie soit arrivée à terme. Une injustice qu’elle ressentait pourtant toujours aujourd’hui. Margot refusait d’avoir cet enfant initialement, puis elle avait été convaincue, elle s’était d’ailleurs disputée avec Adelaïde afin de garder cet enfant imprévu. Elle l’avait alors aimé, désiré et s’était persuadée que tout irait au mieux, mais malheureusement, elle l’avait perdu. Aujourd’hui, elle se retrouvait sans ce bébé, et Adelaïde avait la sienne, qui lui rappelait chaque jour que leurs enfants auraient dû avoir peu de temps d’écart.

Margot se demandait alors où ça en était concernant Ben. Il fallait être aveugle pour ne pas voir qu’Adelaïde brûlait toujours d’amour pour lui. Margot levait les yeux au ciel. Bien sûr, des parents, et Margot était la Reine d’Angleterre tant qu’on y était. Elle la regardait, peu convaincue. « Tu sais Adelaïde, je t’aime, mais franchement il est temps d’arrêter de jouer à l’autruche. Ça se voit que tu l’aimes du moins que tu tiens beaucoup à lui en dehors du fait qu’il soit le père de Tricia. T’aurais jamais accepté d’emménager avec lui, et ce malgré que Tricia soit dans vos vies. Soit honnête deux minutes. Tu sais que tu pourrais t’en sortir, et tu sais qu’il serait là s’il y avait un problème. Vous voulez habiter ensemble, c’est différent. » dit-elle alors. « Bonne nouvelle Addie, tu n’es pas la seule autruche de l’histoire. Il fait pareil. Vous me fatiguez. » dit-elle alors haussant les épaules.

Margot était peu fière de ce qu’il s’était passé. Elle devait dire que ces derniers mois avaient été difficile. « Oui. Je suis avec Chris donc je pense que le choix est déjà fait. » dit-elle avant d’ajouter. « Francisco et moi, c’était du sexe, et Ian et moi c’était une lamentable erreur, quoi que j’ignore ce qu’il s’est passé, j’ai peu de souvenirs... » dit-elle dans un rictus de dégoût. C’était pas l’acte en lui-même qui la dégoûtait, mais surtout le fait d’ignorer ce qu’il s’était passé et d’avoir trahi une amie.

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Margot pensait qu'ils étaient plus que les parents de Tricia. Il fallait voir comment elle réagissait pour savoir qu'elle était toujours amoureuse de lui, que ce qu'elle ressentait à l'époque pour lui l'avait rattrapée de plein fouet, telle une claque.

« Je l'ignore Adelaïde, dis lui clairement que tu veux retenter, mais assure-toi que c'est ce que tu veux d'abord, parce qu'après ça, il faudra que vous fassiez avec si jamais c'était un échec. Tu sais c'est un homme si t'es floue je doute qu'il comprenne. Embrasse-le au pire. » dit-elle alors dans un sourire.

C'était un moyen de lui faire comprendre qu'elle voulait plus qu'être la mère de Tricia. Margot trouvait ça dommage que leur relation soit comme ça aujourd'hui alors qu'ils pourraient être une famille unie. Margot estimait que c'était ce qu'il y avait de mieux à leur égard mais également à l'égard de Tricia, leur fille.

« C'est ce qu'il y a de mieux. » dit-elle. Elle s'était engagée auprès de Chris. Elle l'avait fait attendre pendant des longs mois et aujourd'hui elle le quitterait parce qu'elle était incertaine de ce qu'elle voulait ? C'était hors de question qu'elle lui brise le coeur. « Non c'est sûr, mais bon, je songe déjà au moment où je le reverrais... » dit-elle dans un rictus. Elle souriait à celle-ci, mais en réalité elle était un peu perdue dans ce qu'elle ressentait.

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Margot pensait que le plus indécis était certainement Ben. Il avait envie d’être avec elle, elle le savait puisque de toute évidence, leur dernière entrevue avait été plutôt claire, mais il ne savait pas si c’était possible, et puis à ce moment-là, Adelaïde était avec Hayden donc forcément c’était un peu plus difficile de prendre une décision. Mais aujourd’hui, ils habitaient ensemble et Margot était sûre qu’ils étaient faits pour être ensemble. Ce n’était peut-être pas leur cas, mais elle, elle en était convaincue. Margot regardait sa meilleure amie, elle approuvait alors dans un sourire.

« C’est effectivement ça d’aimer. » dit-elle avant d’ajouter. « Tu as tout à fait raison là-dessus. Tu vas pouvoir lui dire à ce moment-là, et puis c’est pas comme-ci c’était pas déjà évident mais je pense qu’en tant qu’homme, il a besoin de l’entendre. » dit-elle alors. C’était les hommes dans toute leur splendeur. Bon il faut dire que les femmes étaient peu précises généralement, à faire passer des messages dans des sous-entendus qu’elles sont les seules à comprendre.

La jalousie était une ennemie mais parfois elle pouvait être positive. Un moyen de faire savoir à l’autre qu’on l’aime sans le lui dire véritablement. « Chris ? Bien sûr ! » dit-elle alors. Il n’y avait aucun doute, elle l’aimait, mais elle ne savait pas si leur relation durerait parce qu’elle ne pensait pas à l’avenir. Elle ne pensait qu’à un jour après l’autre. C’était mal ? « Non, enfin je ne crois pas, je n’en sais rien. » dit-elle haussant les épaules. « J’espère qu’il n’aura jamais l’idée de venir à Astoria. » dit-elle alors.

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Margot comprenait sa meilleure amie. Elle savait ô comme les hommes pouvaient être aveugles. Ils avaient besoin qu'on leur dise en long en large et en travers, ce qu'on voulait, autrement un quiproquo, une mésentente, un conflit pouvait vite survenir. Margot en avait déjà fait les frais plusieurs fois. Elle se demandait d'ailleurs où était l'arnaque avec tout ce qu'elle vivait actuellement. Outre la tragédie qu'elle avait subi, depuis, son existence s'était apaisée. Elle se demandait où était le piège, convaincue qu'il y en avait forcément un. « Je peux faire une banderole si tu veux. Je synthétiserais cela dit, ça évitera qu'il soit perdu. » dit-elle se moquant de lui. Elle l'appréciait mais elle devait le reconnaitre, il était aveugle et avait besoin de changer de lunettes. Si toutefois il en avait.

Margot et Chris se tournaient autour depuis longtemps, mais les événements avait faits que, bien sûr, ils n'avaient pu concrétiser ce qu'ils ressentaient. Et puis il fallait également admettre que se remettre d'une telle tragédie était un long travail. Un travail qu'elle avait encore en cours, parce qu'elle n'arrivait pas à l'accepter et ne l'accepterait sans doute jamais. « Je doute qu'il vienne à Astoria mais on ne sait jamais tu sais. » dit-elle en haussant les épaules. « J'ai tellement peu de chance ces temps-ci que franchement je m'attends à tout. » dit-elle alors dans une grimace. Margot tendit les bras, arborant un splendide sourire à la vue de la petite fille. « Vient là ma Princesse, n'écoute pas ta mère, n'écoute que moi. » dit-elle en souriant. Elle prit la petite fille dans ses bras. Cela la ramenait au fait qu'elle aussi, elle aurait dû avoir un enfant, mais que ce n'était pas le cas.