Paul était devenu renfermé, et cela créait une barrière entre nous. Ce genre de barrière qui met une certaine distance entre deux personnes. Je ne voulais pas que cela continue, je ne voulais pas que Paul garde ses distances ainsi et qu'il finisse peut être par faire quelque chose qu'il ne devrait pas. J'imagine que les choses ne sont pas faciles avec la fin de la série qui arrive mais je sais que Paul aura d'autres projets. Il a toujours eu de nombreux projets et je sais qu'il veut se lancer d'avantage dans la réalisation comme il a pu le faire cette année. Et je sais qu'il parviendra à trouver toujours quelque chose pour la suite et je n'imagine pas qu'il puisse finalement ne pas avoir ce qu'il souhaite pour la suite. mais je ne sais pas exactement non plus ce qu'il adviendra de l'avenir pour nous deux alors je préfère prendre chaque chose en son temps.

Je savais bien que la relation de Paul et son père était compliquée depuis quelques temps, mais je n'imaginais pas que leur relation pouvait ainsi continuer à se dégrader. Ils devraient plutôt se réconcilier, arranger les choses parce que la vie était trop courte pour se déchirer. Mais je savais que Paul ne pouvait pas rester calme s'agissant de notre fille. Il ne voulait pas perdre d'avantage de temps, et je le comprenais, tout comme je comprenais aussi son père. J'étais partagée quant à la façon d'expliquer les choses à notre fille, mais il faudrait bien que nous nous lancions à un moment ou à un autre.

« Je comprends que ça t'agace, mais ta mère n'y est pour rien dans l'histoire, ni même ta soeur ! Tu les prives des enfants alors qu''elles les voient déjà rarement ! »

Bien malgré moi, je ne pouvais pas me ranger du côté de Paul. Ce n'était pas possible. Je n'imaginais pas vraiment qu'on puisse totalement couper les ponts avec sa famille. Et puis, il était normal que le père de Paul s'inquiète pour sa petite fille et la façon de lui révéler les choses. Mais il convenait à nous de lui révéler les choses comme il nous semblait bon de le faire. Je regardais notre fille qui venait de me poser une question alors que Paul venait de s'éloigner un peu. Que pouvais-je répondre à ma fille à cet instant ?

« Parce qu'il n'est pas d'accord avec papi. Mais il n'est pas fâché contre toi, c'est juste qu'il n'est pas content. »

Je connaissais tellement bien Sophia. Parfois, elle était nerveuse et indisciplinée et parfois, c'était une adorable enfant. C'était ma fille.

C'est peut-être moi le problème au fond, non? Peut-être que je devrais écouter un peu plus mon père. Le problème est qu'il me traite comme si j'étais un enfant. Je suis assez grand pour prendre mes décisions moi-même. Mon père n'a pas à choisir pour moi, il n'a pas à se mêler de ma vie. Ça ne faisait pas son affaire d'ailleurs quand il a su que je laissais de nouveau Torrey pour retourner avec Nina. Il m'a dit que ça ne se fait pas de passer d'une femme à une autre comme bon me semble... mais il ne sait rien de ce qui se passe réellement et il ne le saura jamais parce que je ne lui dirai jamais, je n'ai pas de compte à lui rendre. Tout ce que je veux c'est qu'il soit fier de moi pour une fois et qu'il accepte mes choix. De toute manière, je n'ai plus l'intention de venir ici puisque ça se passe toujours mal.

Maintenant à l'extérieur avec mon fils, nous attendons le taxi qui ne devrait pas trop tarder à arriver. Je ne sais pas trop où nous irons, mais nous trouverons bien un hôtel où loger avant de reprendre l'avion pour retourner à Astoria.

PAUL : « Elles auront juste à venir à Astoria si elles veulent les voir. »

C'est aussi simple que ça. Ma mère était supposée parler à mon père et je ne sais pas si elle l'a fait puisque je connais mon père et je sais qu'il a une tête dure, qu'il dit tout ce qu'il pense et comme je suis son seul fils c'est pire. Il veut que je sois comme lui, mais je ne serai jamais comme lui.

Je m'éloigne avec Matthew qui a décidé de marcher un peu. Il faut le surveiller puisqu'il est vite quand il s'y met. Une ou deux secondes d'inattention et il disparaît. Perdre l'un de mes enfants serait la pire chose au monde.

SOPHIA : « Ok... »

C'est à ce moment que le taxi arrive finalement devant la maison. Je mets les valises dans le coffre et nous embarquons tous dans la voiture. J'indique au chauffeur de nous emmener au Hyatt Regency en espérant qu'il y ait de la place.

Je ne sais pas exactement le problème qui pousse autant Paul a défier son père et à être en désaccord avec lui. Mais je ne peux pas me mettre entre les deux hommes. Je ne peux pas me mettre entre eux parce que je sais que cela ne plaira pas à Paul que je le fasse. Paul était pourtant si proche de ses parents auparavant. Mais c'était avant le décès de sa soeur. Cela l'avait bouleversé et je savait qu'encore aujourd'hui, il devait avoir du mal à accepter qu'elle ne soit plus là. Moi même j'y pensais souvent. Je pensais à ce mal être qu'elle avait du ressentir après tout ce qu'elle avait vécu. Et je pensais aussi à notre fille, Sophia, qui finirait par apprendre ce qui était arrivé à sa mère et qui deviendrait sans doute invivable parce que c'était difficile de supporter de connaitre ses origines surtout quand elles étaient aussi terribles.

Il était clair qu'à cet instant, nous allions devoir trouver l'endroit où nous allions passer le reste du weekend étant donné que nos billets de retour étaient déjà pris et que nous ne pouvions pas les changer comme ça, durant un weekend aussi chargé.

« Très bien, si tu penses que ce sera mieux comme ça. »

Je n'arrivais pas vraiment à accepter le fait que Paul puisse ainsi mettre une barrière dans sa relation avec son père, mais je ne pouvais rien y faire. Rien de plus en tout cas que ce qui avait déjà été fait. Paul allait parvenir à un moment ou à un autre à accepter les remarques de son père et si cela n'arrivait pas, alors il faudrait faire avec, tout simplement.

Finalement, le taxi arrive et nous quittons la demeure des parents de Paul. J'ignore quand nous reviendrons, peut être même que Paul décidera de ne pas revenir. Pour ma part, je reviendrais surement pour que nos enfants voient leur grand parent, même si cela allait être sans doute difficile pour ces derniers que leur père ne soit pas là, mais que faire d'autre ?

Nous quittâmes donc l'endroit, laissant ainsi le conflit non réglé et notre weekend avorté bien trop vite. La question serait de savoir si nous avions finalement révéler à notre fille son histoire... Nous l'avons fait. Lui révélant que je n'étais pas celle qui l'avait mise au monde, mais que j'étais pour autant sa maman, celle qui s'était toujours occupée d'elle. Pour l'instant, la petite n'avait pas trop de question, mais elle savait qu'un jour, quand elle aurait besoin de poser des questions, nous serions là pour y répondre.