it's time to speak

Sam avait reçu un message de la mère de sa fille un peu plus tôt dans la journée, lui proposant de prendre un café. Katie venait tout juste de revenir en ville, selon ce qu’elle lui avait dit. Tandis qu’ils s’étaient donné rendez-vous au Starbucks de la ville vers dix-sept heures, Sam regarda sa montre en entendant son téléphone sonner. Katie était arrivée, tandis que lui était coincé dans la circulation. Il avait oublié que suite à la tempête, certaines rues étaient toujours barrées, plus impactées que d’autres. Il fallait dire que sa course à l’autre bout de la ville n’était pas la meilleure idée du siècle, surtout lorsqu'il était attendu ailleurs en fin d’après-midi. Finalement, l’Ecossais tourna dans une rue adjacente près du centre-ville. Il se dit qu’il allait s’y garer et finir sa course à pied ; cela serait sans doute plus rapide que d’attendre dans sa voiture, en espérant que le trafic se débloque un peu.

Sam avait donc trouvé une place et s’était mis à marcher d’un pas rapide en direction du café, envoyant un message à Katie pour la prévenir qu’il aurait quelques minutes de retard. Il finit par enfin atteindre son point de rendez-vous, jetant à nouveau un œil à sa montre. Dix minutes de retard. Ils ne s’étaient pas vus depuis un long moment et voilà qu’il n’était même pas fichu d’être à l’heure. Il repéra rapidement son ex-fiancée, assise à une table en terrasse. Il se hâta de la rejoindre. « Kat, je suis vraiment désolé. J’avais oublié que certaines rues étaient encore barrées. » s’excusa-t-il, se penchant pour déposer une bise sur sa joue avant de prendre place en face d’elle. « Tu as déjà commandé ta boisson ? Je peux aller nous les commander à l’intérieur. » lui proposa-t-il.

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Pour des retrouvailles autour d’un café, tandis qu’ils ne s’étaient pas vus depuis un moment déjà, cela commençait bien. L'Ecossais était sincèrement désolé. Certaines rues de la ville avaient été rapidement débarrassées, mais d’autres nécessitaient plus de travaux. La ville avait été secouée par une tempête qui avait laissé bien des souvenirs agités derrière elle, remués par ces rues barrées, ces fenêtres encore brisés qui étaient camouflées par des bâches, ces voitures dont les pare-brises témoignaient encore de la puissance des vents. Ainsi, à peine installé devant elle, il se proposait d’aller commander les boissons, si toutefois elle ne l’avait pas déjà fait la concernant. Il se releva. « C’est noté. Je reviens tout de suite. » dit-il, se dirigeant vers l’intérieur du café, commandant le latté, ainsi qu’un café.

Après quelques minutes d’attente, l’acteur retrouva son ex-fiancée, toujours assise sur la terrasse, les deux boissons en main. Il les déposa sur la table, avant de s’installer de nouveau. « Ecoute, ça va. On a été plutôt épargnés par la tempête, contrairement à d’autres en ville. Et de ton côté ? Comment tu vas ? »

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Lorsqu’elle lui avait demandé comment il allait, l’acteur avait préféré ne pas réellement dire ce qu’il ressentait. Mais peu importait, tout ce qu’il voulait faire savoir, c’était qu’il allait bien, Juliet également, et que la tempête les avait plutôt épargnés. En dehors de quelques travaux à faire, il n’y avait pas eu de dégâts très importants, en dehors de sa fille qui avait eu une peur bleue. Encore à ce jour, il lui arrivait de faire des cauchemars, et l’Ecossais passait sa nuit à la border, ou bien à la retrouver dans son lit, parce qu’elle se sentait plus en sécurité avec lui. Elle avait parfois du mal à s’endormir dans l’obscurité de sa chambre, et si sa petite lampe en forme de renard l’apaisait en début de nuit, elle se réveillait régulièrement en pleurant, parce que la tempête était encore fraîche dans sa mémoire. Ainsi, il manquait quelques heures de sommeil à l’Ecossais mais peu importait, sa fille était sa priorité.

Finalement, il avait retourné la question à son ex-fiancée qui s’estimait chanceuse de ne pas avoir eu beaucoup de dégâts. Sam ne dit trop rien quand elle lui dit qu’Astoria lui manquait. Que dire de Juliet qui l’avait réclamée quelques soirs et qui avait fini par s’y faire ? Encore une fois. Sam devait bien admettre être en colère au fond contre Katie, mais que pouvait-il bien y faire ? Il se contenta de boire une gorgée de son café bien chaud en hochant la tête, tandis qu’elle lui annonçait avoir rencontré quelqu’un. Il manqua presque de s’étouffer et posa son gobelet sur la table. « Pardon ? » demanda-t-il sans réellement demander de réponse, avant de poursuivre. « Comment ça ? » Aussitôt, il pensa à Juliet, aux conséquences, au reste. Allait-elle rester cette fois ? Ou allait-elle de nouveau disparaître ? Tant de questionnements.

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Si les circonstances avaient été différentes entre eux, peut-être aurait-il réagi différemment à cette nouvelle. Après tout, il n’avait jamais voulu que Katie reste seule toute sa vie à regretter leur relation. Néanmoins, elle n’avait pas été présente pour Juliet, si ce n’était en dents de scie. Alors, il craignait qu’une fois encore Katie ne déstabilise le peu d’équilibre qu’elle semblait avoir trouvé en consultant une psychologue et en s’éloignant d’Astoria. Elle expliquait que son dossier avait été transféré ici, et qu’elle allait continuer à suivre ses séances, ayant pour volonté d’avancer. Sam resta silencieux. Jusque-là, ses paroles étaient sensées, et ce n’était pas une mauvaise chose, toutefois il attendait la suite qui ne tarda pas à venir. Elle avait rencontré quelqu’un en Guadeloupe, avec qui elle avait parlé de sa fille et du fait qu’elle ne la voyait pas grandir. Il ne comprenait pas bien la relation qu’elle avait avec cette personne et à dire vrai, il n’était pas certain de vouloir le savoir, sauf si cela venait à concerner Juliet. Il baissa les yeux quand elle affirma qu’elle l’aimerait toujours et il entendait les paroles de Jenna en écho qui répétaient en boucle que Katie l’aimerait toujours et qu’à la moindre occasion de le récupérer, elle la saisirait. Peut-être que Jenna avait raison. Et puis, elle reparlait du manque de Juliet mais pour Sam, cela n’était guère valable. Elle n’avait pas beaucoup pensé à sa fille ces derniers mois, et s’il devait être honnête, il lui en voulait encore d’être partie presque comme une voleuse après son accident, laissant Jenna gérer la situation. Jenna… Rien que de penser à elle, il en avait le cœur serré. Elle avait été là pour lui ces dernières années quand il s’était senti au plus bas. Elle l’avait aidé à remonter la pente, et il l’aimait. Son attention se reporta sur son ex-fiancée qui disait ne pas vouloir être frein pour lui. Il inspira, tentant de ne pas laisser la colère monter en lui, et pourtant… « Nous sommes séparés avec Jenna, à cause de toi, entre autres. A cause de ce que tu as pu lui dire, de tes sous-entendus à notre sujet. » lâcha-t-il. « Tu dis vouloir être de nouveau là pour Juliet mais où étais-tu ces derniers mois quand Juliet a eu besoin de toi ? Parce qu’évidemment une visio le soir ne suffisait pas pour elle, et tu le sais parfaitement. Que tu aies eu besoin de t'éloigner et de prendre du temps pour toi, je l’entends Kat, mais que tu reviennes ici en me disant avoir rencontré quelqu’un, tu ne crois pas que c’est un peu tôt pour toi ? Et qui est ce type ? En un mois, tu as eu le temps de le sonder ? » Il n’était probablement pas juste, et était sûrement dur avec elle. Mais, Sam était fatigué, sans doute par tout le contexte actuel, la fin du tournage d’Outlander, la tempête, sa fille, sa rupture avec Jenna, et le retour de Katie qui s’y ajoutait. L’Ecossais était fatigué, et sa patience était sans doute plus limitée. « Bien sûr que je suis content que tu reviennes à Astoria, là n’est pas le sujet, mais j’ai besoin d’être sûr que tu ne feras pas tout foirer une nouvelle fois pour Juliet. Tu n’imagines pas comme tu la fais souffrir à chaque fois. »

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A sa réponse, il eut envie de rétorquer : c’est ton problème, Kat, tu ne penses pas…, mais il s’abstint, parce qu'après tout, il n’était peut-être pas si innocent que cela dans toute cette situation. Après tout, s'il était resté avec Katie, s’il ne l’avait pas laissée tomber lors de sa grossesse, et s'il était resté avec elle par la suite, peut-être que Juliet n’aurait jamais souffert, et que, comme l’avait très justement fait remarquer Jenna, elle aurait été heureuse d'avoir ses deux parents ensemble, comme tout enfant. Cependant, les choses étaient différentes, et ils ne pouvaient se permettre de faire n’importe quoi. Sam estimait s’être rattrapé auprès de leur fille, assumant la pleine garde de cette dernière, alors que sa mère semblait peu stable. Il n’avait jamais voulu officialiser les choses juridiquement parlant, alors que pourtant sa propre mère lui répétait régulièrement de le faire. Mais il ne voulait pas faire souffrir Katie de nouveau, pas quand elle suivait une thérapie, quand elle disait essayer de faire au mieux pour sa fille.
Il savait que ses mots étaient assez durs comme ça pour qu’il en rajoute, et il resta silencieux alors qu’elle se débattait pour essayer de lui faire comprendre qu’elle allait mieux. « Ecoute, Kat, la dernière chose que je veux, c’est que tu sois malheureuse, mais… » Il se gratta le derrière de la tête, nerveusement, cherchant les mots justes. Il pouvait parfois être maladroit, abrupt et il ne voulait pas la blesser, mais il ne voulait pas que Juliet souffre une nouvelle fois. Pas quand sa mère était partie plusieurs fois, quand Jenna avait fini par partir elle aussi. Il voulait préserver sa fille, la protéger de tout départ de nouveau. Il voyait comme elle en était affectée à chaque fois, et il ne voulait plus la voir pleurer. «Je sais, Kat, mais j’ai besoin de temps pour te faire confiance de nouveau. On est déjà passé par là. Tu m’as déjà promis que tu serais là pour Juliet et finalement, tu es partie. Je ne doute pas que tu aies fait des progrès avec ta thérapie, mais je vais avoir besoin de temps pour te refaire confiance. » Quant à son bonheur, l’Ecossais préféra rester silencieux. Il se moquait bien d’être heureux. Ce qui l’importait actuellement, c’était sa fille.

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Sam l’écoutait silencieusement, dubitatif. On ne pouvait pas vraiment dire que ces derniers temps, ses choix avaient été des plus judicieux, et l’Ecossais restait sur ses gardes. Il voyait qu’elle semblait bien attachée à cet homme qu’elle avait rencontré en Guadeloupe. Pour autant, Sam se demandait qui était cet homme à qui elle avait déjà mentionné sa fille et qui semblait compréhensif vis-à-vis de sa situation. Elle semblait entendre ce qu’il lui disait, qu’il avait besoin de temps pour se rendre compte qu’il pouvait lui faire confiance de nouveau et qu’elle ne repartirait pas une nouvelle fois comme elle avait déjà pu le faire. Qu’elle le déçoive, c’était une chose, mais qu’elle brise de nouveau le petit coeur innocent de leur fille, c’en était une autre. Et si l’Ecossais avait toujours pris soin de panser son coeur et de faire en sorte qu’elle souffre le moins possible de cette absence, il n’en restait pas moins que la petite fille avait réclamé de nombreuses fois sa mère, sans réellement comprendre la distance qui lui avait été imposée. Jenna avait tenté de la consoler également, mais Jenna n’était pas sa mère et ne pourrait jamais la remplacer.  
Katie vint alors à s’excuser de l’avoir abandonné après son accident. « Je ne te reproche pas de ne pas avoir pensé à moi, mais plutôt de ne pas avoir pensé à Juliet. Si Jenna et ma mère n’avaient pas été là… qui aurait gardé Juliet ? Qui se serait occupé d’elle ? Je n’en étais pas capable, physiquement et psychologiquement. » Si son mariage avait été fait sur un coup de tête, Jenna s’était pourtant jusque-là toujours comportée de façon irréprochable, comme si ce mariage avait toujours été voulu par eux. Elle avait été énormément présente pour lui et rien que pour cela, il lui en serait toujours reconnaissant. Sam soupira légèrement et secoua légèrement la tête. « Non, je ne lui ai rien dit pour l’instant. Je voulais attendre notre entrevue d’aujourd’hui pour voir s’il était utile de lui en parler ou non. Juliet a énormément souffert Kat, alors s’il te plaît, réfléchis bien à ce que tu veux, et cette fois-ci, tiens-toi à ta décision. Si tu veux revenir auprès de Juliet, je ne t’en empêcherai pas, mais sois sûre de ne pas la faire souffrir une nouvelle fois. »

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Sam ne dit trop rien, se contentant aboire une gorgée de son café. Comme il le lui avait dit, il allait avoir besoin de temps pour lui faire pleinement confiance de nouveau. Elle l’avait profondément blessé en partant au moment où il avait eu le plus besoin d’elle et il ne pouvait pas dire que les mois qui avaient suivi son accident, Katie avait été beaucoup impliquée dans la vie de sa fille. S’il ne lui pardonnait pas vraiment de l’avoir laissé seul au pire moment de sa vie, il lui pardonnait encore moins d’avoir abandonné leur fille et d’avoir visiblement passé du bon temps en Guadeloupe où elle aurait rencontré un homme. Cependant, il savait que cela ne servait à rien de lui reprocher cela de nouveau, elle semblait en avoir suffisamment conscience ou du tout du moins, il l’espérait.

Elle lui assurait vouloir faire les choses bien pour leur fille et ne plus vouloir la faire souffrir. Elle demandait à ce qu’il soit présent lors de leurs premières rencontres, et l’Ecossais acquiesça. Cela lui semblait plus adapté vis-à-vis de leur fille. « Je pense que c’est effectivement le mieux pour elle, pour qu’elle se fasse de nouveau à ta présence. Je vais commencer à lui dire que tu es de retour. » dit-il alors. « Par contre, si à un moment donné, tu te sens en difficulté, il faudra que tu me le dises Kat, pour qu’on fasse ce qu’il y a de mieux pour Juliet et pour toi. »