C'est un RP un peu lourd dont le personnage n'a pas grand chose à voir avec ce que je compte faire d'Adelaide (et un contexte très différent aussi), n'hésitez pas si vous voulez voir quelque chose un peu plus en accord avec Astoria Elle n'aurait pas dû être là. Elle n'avait aucune raison d'être ici. Malgré l'absence d'un bijou à son poignet pour l'informer à ce sujet, elle devinait à la noirceur de la nuit que l'heure du couvre-feu était passée depuis déjà un certain temps. Elizabeth n'était pas du genre à enfreindre un quelconque règlement, même si elle aurait aimé que sa majorité nouvellement acquise lui permette plus de liberté au sein du château. Depuis toujours, elle avait appris à se plier à des convenances ce qui expliquait sans doute qu'habituellement elle suivait à la lettre les règles dictées par le corps professoral sans en questionner le bien-fondé. Même l'année précédente, alors que les Carrow faisaient régner la terreur sur l'école, elle s'était soumise aux travaux forcés qui avaient incombé aux gens comme elle, sous le critère abusif de leur ascendance. Elle n'avait pas eu le courage de se rebeller, laissant sa peur faire d'elle un fantôme de ce qu'elle aurait pu être, effaçant sa prestance pour une discrétion contrainte. Elle n'arrivait plus à se reconnaître dans son reflet, comme si tout ce qu'on lui avait inculqué et bien plus, tout ce en quoi elle croyait avait été réduit à néant. Beth aurait aimé croire que sa volonté était plus forte que l'oppression, mais cela aurait été se voiler la face. Loin d'être une idéaliste, si elle voyait les défauts du monde, ses carences et ses excès, elle ne pensait pas vraiment qu'on puisse y remédier. Partout et par tous les temps, les gens avaient eut peur de la différence, de ce qu'ils ne pouvaient expliquer, de ce qu'ils ne comprenaient pas. Qu'une de ses formes de racisme touche le monde sorcier n'avait en soi rien d'étonnant. Voldemort n'avait jamais été la réelle cause du conflit qui avait secoué leur culture, il n'en avait été que l'étincelle, le point de chute. Une petite partie de la jeune femme, sans doute un peu trop fataliste pour ses dix-sept ans, peinait à croire que le problème s'était éteint avec le mage noir. Bien sûr, elle était reconnaissante envers Harry pour avoir terrassé le monstre, envers tous ceux qui s'étaient battus et ceux qui y avaient laissé leurs vies, mais pour elle ce n'était pas la fin. Le monde magique était bien trop instable pour que personne ne profite de cette apathie général pour tourner la situation à son avantage. Peut-être que cette fois-ci les victimes seraient différentes. Après tout les moldus n'avaient-ils pas persécuté les sorciers pendant des siècles avant d'oublier leur existence à l'aube de leur ère ? Tout ça n'était qu'une question de pouvoir et de peur malheureusement.
La bleue et bronze déposa par terre le vieil exemplaire de La Tempête qu'elle ne lisait plus vraiment depuis quelques minutes déjà, peinant à se concentrer sur les mots de Shakespeare alors que son esprit était ailleurs. Si elle était venue ici s'était en pensant que le calme de la Tour d'Astronomie entraînerait celui de son esprit. Pourtant, semblait-il qu'elle ait eu tort de penser ainsi, la tranquillité de la nuit ne parvenant pas vraiment à l'apaiser. Depuis le début de l'année scolaire, il y avait trop de choses qui s'affrontaient en elle pour qu'elle ne parvienne à avancer dans sa vie. Elle voyait tout sous différentes perspectives, les situations, les autres, elle-même et c'était difficile à assimiler. Beth comprenait avec une certaine honte, qu'elle avait eut tendance jusque-là à ranger les gens dans des cases, choses qu'elle reprochait elle-même aux puristes. Si son orgueil avait bien voulu l'admettre, elle aurait avoué comprendre que les choses était bien plus complexes que son esprit, parfois trop étriqué, ne l'avait envisager. Même se joutes verbales avec Baker ne raisonnaient plus de la même manière. Plus que de la fierté quand elle arrivait à le remettre à sa place ou de l'agacement quand ce n'était pas le cas, c'était de la fatigue qui ressortait de leur incompréhension mutuelle, parfois même de la culpabilité. Elizabeth avait peur qu'en laissant sa carapace s'effriter de plus en plus elle se retrouve vulnérable. Trop vulnérable. Elle préférait encore conserver son titre de Reine des Glaces railleusement murmuré par ses comparses que de ne l'abandonner pour quelque chose qui lui était totalement inconnu. Rebecca lui avait dit durant leur premier cours de potions ensemble en septembre qu'elle ne pouvait pas tout garder en elle comme elle le faisait, qu'elle allait finir par exploser à force de tout refouler, mais elle n'avait jamais vraiment su faire autrement.
Beth se pencha à la balustrade à laquelle elle s'était accoudée, tentant d'apercevoir les reflets argentés de la lune sur l'eau de lac qu'elle devinait dans l'obscurité. Elle se demandait comment quelque chose d'aussi beau pouvait l'effrayer autant. Au souvenir de l'endroit d'où, sans Jon, elle ne serait jamais revenue, sa respiration s’affolait et malgré les mois passés depuis la Bataille elle sentait la crise d'angoisse poindre son nez. La Serdaigle resserra son emprise sur la grille de métal, agacée par ses craintes irrationnelles. Si elle avait honte, s'était aussi parce que sa quasi-noyade, bien trop tôt dans l'affrontement, l'avait empêché d'y prendre plus part. Elle se sentait comme coupable face aux sacrifices d'un trop grand nombre. La culpabilité du survivant. Et puis elle se disait parfois que Jon aurait du la laisser aux profondeurs du Lac Noir. Ses idées noires n'étaient pas suicidaires, c'était simplement qu'elle se demandait à qui elle aurait manqué si le destin en avait décidé autrement. À force d'éloigner les autres par peur de mal accorder sa confiance, elle qui s'était toujours complu dans sa solitude s'était retrouver à la regretter au moment ou elle avait senti la vie la quitter.
La brunette pouvait bien blâmer son éducation austère, elle était en grande partie responsable de ses agissements. À trop vouloir plaire à sa famille, elle s'oubliait. Elle avait parfois l'impression d'avoir été privée d'une innocence enfantine, d'avoir grandi trop vite pour connaître les désagréments futiles de l'adolescence. Merlin, elle s'était même résignée très vite à voir sa famille observer un droit de veto quant à celui qui partagerait sa vie ? Qu'en étaient-ils des amours passagers, des passions brûlantes qu'elle aurait dû se laisser vivre à son âge ? Beth ne pouvait décemment pas accuser la guerre de lui avoir volé des années puisqu'elle avait déjà choisi un chemin tout tracé. Le nez planté dans les étoiles entre lesquelles sont esprit pragmatique dessinait des lignes indifférentes aux constellations Elizabeth soupira seulement entendue par le silence des ténèbres. Vraiment, elle n'aurait pas dû être là.