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 Here Comes the Rain Again ✧ Ken & Sydney

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MessageSujet: Here Comes the Rain Again ✧ Ken & Sydney   Here Comes the Rain Again ✧ Ken & Sydney Icon_minitimeMar 2 Aoû 2022 - 19:49

Soupirs éthérés. Ils se perdaient dans la volupté de la nuit. Ils s’enjoignaient dans une passion folle qui se consumait au gré de vos gestes mutuels. La danse effectuée par vos bassins respectifs t’arrachait bon nombre de gémissements quand ils n’étaient pas avalés par vos baisers assoiffés de l’un et l’autre. La pénombre de la nuit inondait la pièce, mais cela ne t’avait jamais empêché d’entrevoir son visage sous les stries de lumières lunaire que les volets laissaient passer. Qu’il était magnifique. Bon sang que tu l’aimais. Tu te souviens de tes doigts qui remontaient subtilement le long de son dos pour profiter de sa peau, t’imprégner de son grain, de sa douceur, qui te manquerait jusqu’au prochain instant d’éternité partagé avec lui. Ils poursuivaient leur course jusque dans sa nuque que tu attrapais non sans une certaine possession. Il était tien, malgré la situation. Ses mèches de cheveux qui naissaient à cet endroit de son corps étaient les martyrs de cet épanchement charnel. Tu entendais encore tes gémissements mourir dans sa bouche que jamais tu ne te lasseras d’embrasser…

Tu te réveillais en sursaut au beau milieu de la nuit. En sueur. La respiration haletante. Encore ce rêve. Il te fallut un certain temps avant de te rendre compte que tu étais de retour sur terre. Déception absolue. Tu repris tant bien que mal tes esprits puis t’écroulais dans ton lit soupirant non sans une certaine lassitude. Des semaines que ce genre de songes érotiques contrôlaient tes nuits. Ils étaient agréables, tu ne crachais pas dessus — tu fermais même les yeux pour te replonger dans cet océan de sensations et émotions extatiques de l’instant. Un sourire naissait sur le creux de tes lèvres avant de se ternir. Ce n’était pas de Jonathan que tu avais rêvé, mais de Ken. Encore. Un puissant sentiment de culpabilité t’envahissait. Tu avais cru que, en partant de Los Angeles, tu arriverais à taire tes souvenirs aux côtés de l’artiste. Bien au contraire, c’était pire depuis que tu étais arrivée à Astoria. Chaque seconde de ta vie était réquisitionnée pour penser à lui — odieux incubes ! Énième soupir. Tu attrapais ton téléphone. Seule la lumière de l’écran éclairait ton visage au milieu de cette noirceur. Tu fis défiler ta liste de contacts d’un geste rapide du pouce. Tu trouvais son nom perdu au milieu de tant d’autres. Sans réfléchir, tu cliquais dessus. Tu tapais ton message en français. Tu me manques, Kenny. Duel de regards entre ces lettres numériques impersonnelles et tes pupilles azurées — contraste net entre la froideur du texte et la chaleur enivrée de tes prunelles. Des secondes entières s’écoulèrent avant que tu ne soupires, effaces ces quelques mots et rejettes ton téléphone un peu plus loin. Dieu que tu étais stupide, Sydney. Tu te tournais sur le ventre pour enfoncer ta tête dans l’oreiller et hurler un bon coup. Tu souffrais de son absence. Le manque était cruel : il te tordait le cœur, les boyaux, l’entièreté de ton âme pour n’être qu’une douleur diffuse qui ne s’épuisait pas depuis des semaines. Une véritable séance de torture dont tu ne pouvais t’échapper.

Il fallait que tu évacues la négativité et la luxure emmagasinées au cours de la nuit. Le sport était une bonne alternative. Du moins, c’est une solution qui avait déjà fait ses preuves sur toi. À la fraiche, tu te rendais à la salle du coin. Ayant tes habitudes là-bas, tu sais que personne n’irait t’importuner en cette heure matinale comme très peu de gens y étaient. Tu mangeas bien, te préparas, t’habillas en conséquence. C’est parti.

Rien n’était censé troubler cette matinée après la nuit agitée que tu avais passé.

Rien.
Sauf Ken.

En arrivant à l’étage où se trouvaient les tapis de courses, machines de musculation et autres engins de tortures pour humains chevronnés, tu le reconnus immédiatement bien qu’il soit de dos. Sous forme de flashs, tu revivais le songe qui t’avait attaqué cette nuit. Tu entendais vos soupirs, tu sentais à nouveau tes ongles se planter dans sa peau. T’en perdais la tête. Tu manquais presque de souffle. Le choc était rude. Violent. Trop soudain. Tu ignorais quoi faire de toi, complètement déboussolée. Tu le sens, ton cœur, Sydney, battre à tout rompre dans ta poitrine ? Il te faisait presque mal, affolant le reste de tes sens. Il te suppliait de rejoindre sa moitié logée sous la cage thoracique de ton ancien amant. Il t’implorait presque et tu restais sourde à ses appels à l’aide. Ton cœur se mourrait face à ta résistance vaine. À quoi bon résister alors que Ken avait toujours eu cet effet sur toi ? Il te rendait dingue. Par sa simple présence. Il n’avait jamais eu besoin de dire grand-chose pour que tu tombes pour lui. Tu manquais même de t’écrouler sur une machine quand tu t’enfuyais littéralement pour te cacher de lui. Dieu merci il était de dos. Dieu merci il n’avait probablement rien entendu. Cachée dans les toilettes pour femmes, tu tentais de te raisonner. Tu étais ridicule, ma pauvre. Une vraie adolescente. Tu prenais une grande inspiration avant de souffler. Tout va bien se passer. Car oui, tu étais déterminée à l’idée d’aller le voir.

Maintenant que tu savais qu’il était ici, impossible de prétendre que tu ne l’avais pas vu. La fuite n’était pas dans tes habitudes de toute manière. Tu préférais la confrontation, qu’importe ce qui en découlerait. Au regard de votre séparation violente, tu savais que les retrouvailles seraient brutales. Tu repris une bouffée d’air. Ca va aller. Tu te regardais dans le miroir qui se trouvait juste en face de toi pour te redonner confiance puis tu sortais de ta cachette avant de retourner dans le coin de la salle où se trouvait les tapis de courses. Ken était encore là, courant à pas régulier sur la machine. Imperturbable…

Puis tu allais bouleverser l’entièreté de son monde. Aucun contact depuis octobre — l’enfer était plus doux que cette situation, à tes yeux. Plus tu t’approchais de lui, plus tu entendais ton cœur taper contre tes tympans. C’était comme si le temps s’était arrêté. Comme si le monde autour de vous était au ralenti. Tu sentais ta respiration s’alourdir, tes sens être en éveil… Il était à portée de main. La Raison te criait de rebrousser chemin, mais tu l’envoyais se faire foutre. Pas aujourd’hui. Pas maintenant alors qu’il était là ! Des mois que tu attendais un signe de l’univers et le voilà : cette rencontre fortuite entre toi et lui à Astoria. Ça ne pouvait être une simple coïncidence pour toi. Et sans crainte, niant ton angoisse, tu te glissais à ses côtés. « Ken. » Ton cœur se fracassait contre tes os à la simple évocation de son prénom. Tu avais oublié à quel point il était mélodieux, ô combien il était naturel dans ta bouche. Ta main suivait le mouvement en se faufilant sur son bras pour l’interpeller en douceur. Ton geste était dangereux, tu repoussais les limites du raisonnable, mais qu’importe, tu ne l’avais jamais été avec lui. Le contact de ta peau contre la sienne t’électrisait — la traitresse te compromettait en laissant apparaitre une flopée de frissons. Ton cœur battait si vite sous l’angoisse, l’euphorie, l’amour tout simplement, que tu ne le sentais même plus. Plus rien ne comptait autour de toi maintenant que tu avais Ken sous les yeux. Tu t’apercevais que le temps et l’absence n’avaient en rien altéré tes sentiments, mais les avaient, au contraire, décuplés. Tu lui adressais un sourire quand vos regards se croisaient — second éclair qui te parcourait. T’en perdais tous tes moyens, à tel point qu’aucun autre mot ne sortit. Tu te contentais de l’admirer. Seul le silence rythmait cet échange avec en bruit de fond cette éternelle tension. La faute de ces rancœurs cristallisées entre vous. Mais l’amour et le souvenir des temps heureux dominaient en ton for intérieur. Tu t’éclaircissais la voix et coupais court à ce mutisme. « Ça fait longtemps… » C’était maladroit, mais que dire d’autre ? Tu restais la fautive dans cette histoire : qu’importe ce que tu dirais, il prendrait sûrement mal ta présence et ton culot.
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MessageSujet: Re: Here Comes the Rain Again ✧ Ken & Sydney   Here Comes the Rain Again ✧ Ken & Sydney Icon_minitimeJeu 4 Aoû 2022 - 21:19


J'les compare toutes avec toi, même si j'attends la bonne
J'visualise ton corps même sans te mater, damn
Faut que tu sortes de ma tête.
Tu m'as blessé beauté, mais pour moi tu n'étais que majesté
Et je pense encore à toi

les paroles de tes anciens écrits résonnent encore aujourd'hui, à croire que le passé se répète sans cesse. Impossible pour toi de résister aux doux chants des sirènes qui t'ensorcellent pour mieux te noyer. Tel un marin tu t'es fait avoir, t'as cru aux promesses et à la sincérité, tu t'es laissé envoûter par son regard ensorcelant, ses pupilles bleutées dans lesquelles tu aimais te perdre. T'as déchanté quand elle t'a jeté comme un vulgaire jouet dont elle s'est lassé, t'as vu rouge lorsqu'elle l'a choisi lui. Pourquoi tu t'es lancé dans un tel merdier, tu aurais dû mettre plus de distance et ne garder que les plaisirs charnels comme base de la relation. Mais tu t'es attaché. Trop. T'es tombé ken, t'as succombé à son charme et à l'entièreté de son être. Tu l'as aimé. Ô ça oui, et c'est bien ça le problème. Les sentiments compliquent toujours tout. Et elle l'a choisi lui, sûrement parce que elle l'aimait davantage. Ou peut-être qu'elle n'aimait que lui finalement et que tu n'as été que l'objet de fantasmes et d'amusement pendant quelques mois. Elle a réussi à te faire douter d'absolument tout.

Tu as passé la nuit penché au-dessus d'une feuille de papier vierge. Putain de syndrome de la page blanche qui revient, toi qui croyais pourtant t'en être débarrassé avec l'écriture de ton dernier album. Tu as écrit, fait des ratures, recommencé. La feuille a fini en une boule de papier tout droit direction la corbeille. La fatigue t'emportait, tu t'es décidé d'arrêter là pour ce soir et d'aller te coucher. Le réveil a été doux, les rayons solaires sont venus chatouiller ton visage endormi. T'as pas assez dormi, ça c'est clair. L'inspiration te vient plus facilement une fois la nuit tombée, c'est pourquoi tu restes éveillé si tard pour coucher des mots sur le papier. La tentative de la veille n'a pas été concluante et te voilà à trainer dans le lit une bonne quinzaine de minutes avant de te lever. T'as le courage pour rien aujourd'hui, mais le mouvement entraîne le mouvement. Tu décides donc de faire un saut à la salle de sport, après tout tu ne t'y es pas rendu depuis un certain temps et c'est un bon moyen pour bien commencer la journée.

Pas la peine de passer par les vestiaires, t'es déjà en tenue. Tu t'enfonces dans la salle en ayant déjà en tête ton entraînement d'aujourd'hui. Tes pieds retrouvent rapidement le chemin jusqu'à l'étage et aux tapis de course, appareil que tu as l'habitude d'occuper pendant ton passage ici. Tu commences souvent par ça, d'ailleurs. Grâce à l'heure matinale tous les appareils ne sont pas occupés, tu aimes venir lorsqu'il n'y a pas trop de monde. Tu t'installes sur l'un des tapis, poses ta serviette sur la barre et ta gourde au pied de la machine. Tu commences ton entraînement sans te préoccuper du reste, tu oublies le monde qui t'entoure. Tu n'es pas venu là pour papoter de toute manière. Après quelques minutes d'effort qui te servent d'échauffement, tu augmentes la vitesse sur le tapis de course. T'aimes te challenger, repousser tes limites toujours un peu plus à chaque séance.

Les bruits alentours sont réduits grâce aux écouteurs coincés au creux de tes oreilles. Les musiques défilent sans que tu n'aies besoin de toucher à quoi que ce soit, tu as pris le temps de faire une playlist spécialement pour tes petits passages en salle. Alors lorsqu'un fantôme de ton passé se tient à tes côtés et que sa voix t'est plus que familière, tu ne l'entends pas. Tu as la fâcheuse habitude de te laisser aller sur le bouton de réglage du volume. Ce qui attire ton attention est la légère pression que tu sens sur ton bras. Le geste ne t'arrête pas dans ta course, le regard se tourne pour affronter celui que tu ne pensais jamais revoir face à toi. Le coeur rate un battement, puis accélère subitement. Tes jambes manquent de te lâcher en reconnaissant les doux traits de ce visage que tu as tant aimé toucher, embrasser, caresser. As-tu trop forcé sur les efforts au point d'halluciner ? Le manque de sommeil te fait-il délirer ? Un tas de sentiments s'empare de toi. La nostalgie d'une relation qui te plaisait, la colère que tu avais réussi à ranger dans un petit tiroir et qui a surgi dès l'instant que tes yeux se sont posés sur la blonde. T'as été si en colère, Ken. Contre elle, contre son fiancé, contre le monde entier, contre toi-même. Surtout contre elle, il faut l'avouer. Pas un sourire sur tes lippes, tu restes de marbre. Jouer l'indifférence est bien plus violent que le reste. Tu pousses sa main de ton bras et tu continues de courir quelques secondes sur le tapis, tu ne la regardes même pas. bordel, que fait-elle ici. « pas assez, non. » le ton est sec, froid, l'on peut sentir la contraction de ta mâchoire dans ta voix. Tu finis par arrêter la machine, tu passes ta serviette sur ton visage avant de la placer autour de ton cou. Tu continues comme si elle n'était pas là, descendant du tapis pour attraper ta gourde au pied de celui-ci. Tu n'as même pas pris la peine de retirer tes écouteurs, la musique est arrêtée mais tu n'as pas envie de l'écouter. Se rend-t-elle compte du mal qu'elle a causé ? De ton cœur qu'elle a brisé ? Ce myocarde qui s'est mis à battre à l'unisson avec le sien, tambourinant dans ta cage thoracique au moindre toucher de la belle. « qu'est-ce que tu fous là ? » et tu ne parles pas de la salle de sport, ken, mais bel et bien de sa présence en ville. Pourquoi faut-il que tu te retrouves à nouveau dans la même ville qu'elle. Tu portes ta gourde jusqu'à tes lèvres, bois quelques gorgées tout en faisant quelques pas. Tu mets volontairement une distance entre vous.  Tu finis par te retourner, ton regard se pose sur elle à nouveau. Pas de ceux qu'elle a pu connaître durant vos moments tendres non, plutôt celui qu'elle a pu apercevoir lors de vos disputes. Notamment la dernière, celle de la rupture, qui a sûrement été la plus violente de toutes. « non attends, tu sais quoi, en fait je m'en fous. Fais ce que tu veux, ce ne sont plus mes affaires. Ça aurait jamais dû l'être d'ailleurs. Alors maintenant, fais comme si je n'existais pas. C'est ce que je fais et je m'en porte très bien. Finis ta séance de sport et va rejoindre ton gars. » tu mens, impossible d'oublier son existence. Elle est partout où tu vas, dans ta tête aussi. Elle refuse d'y sortir, elle s'y est confortablement installée et te torture désormais.
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MessageSujet: Re: Here Comes the Rain Again ✧ Ken & Sydney   Here Comes the Rain Again ✧ Ken & Sydney Icon_minitimeJeu 18 Aoû 2022 - 17:09

Ken était un menteur. Prétendre qu’il se moquait de savoir ce que tu faisais ici était une courbette vaine, car tu le connaissais que trop bien. S’il voulait jouer l’indifférence, s’il la ressentait réellement au creux de son cœur, jamais il n’aurait vociféré de la sorte. Jamais il ne t’aurait adressé ce regard noir rempli d’une haine et d’une rage profonde que les mois n’avaient pas aidé à apaiser, bien au contraire. Le temps avait enragé les rancœurs de ton amant. Tu avais l’habitude de penser qu’il était impossible de ressentir de tels sentiments pour quelqu’un qui nous indiffère. Il serait parti sans un mot si c’était réellement le cas. Il n’aurait même pas fait l’effort de te regarder. Il aurait pu être si indifférent à ta présence qu’il t’aurait même fait douter de ta propre existence. Mais c’était l’inverse qui se produisit : il n’était qu’un volcan grondant, un ciel aussi orageux que toi présentement. En quelques secondes, Ken avait réussi à te mettre profondément en colère à cause de son comportement. Trop d’amour, trop de non-dit et de silence entre vous empêchaient l’existence de réactions mesurées et rationnelles en votre for intérieur. « Ce que je fous là ? CE QUE JE FOUS LÀ ? » Tu hurlais malgré toi. Au départ, tu voulais lui demander pour qui il se prenait. Depuis quand décidait-il des droits de cité de chacun ? Petit con ! était la première chose à laquelle tu pensais. « J’essaie de t’oublier, tu vois ! Tu crois que t’as le monopole du malheur dans cette histoire ?! » Il était en train de te blesser autant que tu l’avais fait. Ces mots étaient taillés en pointe et s’enfonçaient dans ta peau de la plus cruelle des façons. Tu aimerais être partout sauf ici, car sa rage te tuait. « Ça n’aurait jamais du l’être d’ailleurs. » Et le voilà en train d’infliger une fissure supplémentaire à ton cœur déjà bien ébréché. « Tu crois que je suis heureuse de cette situation ? Que ça me fait rien de te voir là ? » Pourtant, c’était toi qui vous avais précipité dans ce marasme. Tu le regrettais amèrement, mais qu’importe ta décision, tu aurais de toute façon perdu un être cher. Quitter Jonathan était plus facile à dire qu’à faire. Mais rejeter Ken était d’une difficulté insurmontable également. Tu étais constamment entre deux feux, depuis des mois et tu ne le supportais plus. Tu étais clairement à bout de nerfs et sa présence ainsi que sa colère froide faisaient tout voler en éclat. Ken avait toujours eu le don de te mettre dans tous tes états. « Je sais que je suis en tort, Ken. Mais c’est pas une raison pour croire que je vis ma meilleure vie ! Que je me réjouis de t’avoir détruit. » Ta voix se craquait sur la fin. Tu sentais les larmes monter et gorger tes yeux aux couleurs de l’océan, mais tu les retenais vivement ; tu ne voulais surtout pas les offrir à ton amant. Compte tenu de son état, il pourrait croire que c’était une tentative de manipulation de ta part pour l’apitoyer alors qu’elle était l’expression la plus pure du manque et du mal-être que tu ressentais.

Quand il te disait de retourner auprès de Jonathan, c’était le pire — il te renvoyait dans ton coin du ring et il n’y avait rien de plus insupportable pour toi que d’être rejeté par l’homme que tu aimais et que tu regrettais d’avoir perdu chaque jour qui passait. Tu étouffais un rire cynique avant de repartir dans ton ire. « Mais Jonathan n’est même pas là, je suis venue toute seule ici pour avoir les idées claires et réfléchir à ma situation. » Ce qui t’énervait le plus, c’est que Ken envisageait l’histoire sans aucune nuance — tu l’avais quitté, tu étais qu’une salope et basta. Il n’allait pas plus loin alors que c’était bien plus complexe. Mais à quoi bon s’échiner à lui expliquer ? Il n’était pas prêt à entendre cette version, pas prompt à l’écouter tout comme toi tu n’étais pas résolue à te mettre à sa place. Votre situation était vouée à l’échec et à rester dans une impasse parce que, autant lui que toi, vous étiez incapables de parler calmement et d’écouter ce que l’autre avait à dire, comme deux adultes responsables. Vous vous braquiez immédiatement. La preuve en est avec ces effluves colériques qui avaient explosé dès le premier éclair lancé. D’ailleurs, juste après le point de ta phrase, tu aurais aimé avoir assez de force pour poursuivre et lui dire « parce que tu me manques Ken, et j’ai besoin de toi. » Tout avait un gout d’inachevé dans vos gestes, vos paroles et votre comportement, mais tu étais tellement paranoïaque que tu craignais qu’il prenne cela pour de la manipulation encore une fois. Alors tu t’étais tue et avais conclu cette dispute par de la mauvaise foi. « De toute façon, on peut JAMAIS parler avec toi ! Direct tu t’énerves ! À croire que c’est moi qui ai trente-deux ans et toi vingt-quatre. Je te demande pas de m’accueillir les bras ouverts, mais tu m’écoutes PAS. » Tu voulais qu’il comprenne ta douleur alors que tu n’étais pas prête à comprendre la sienne avec toutes les subtilités qu’elle impliquait. Tu étais aussi égoïste que lui au final si on allait sur ce terrain-là.

En tout cas, dans ton emportement, tu ramassais avec une certaine brutalité tes affaires avant de prendre la direction des salles dotées de sac de frappes. Il fallait que tu te défoules, que tu évacues ce trop-plein, d’émotions qui te bouffait la vie. Or, avant de ne plus être dans le champ de vision de Ken, tu t’arrêtais net et tu te tournais pour lui faire face sans combler les mètres qui vous séparaient. Cette fois-ci, tu pleurais. Pas de trémolo dans ta voix, mais tu n’avais plus la force de retenir ses larmes qui roulaient sur tes joues. « Je t’ai jamais menti sur mes sentiments. Chaque fois que je t’ai dit que je t’aimais, je le pensais. Le plus sincèrement du monde. T’étais pas une passade pour moi, ou un simplement amusement, Ken. Je t’aimais et je t’aime encore. Tu me manques et te quitter a été la décision la plus horrible que j’ai eu à prendre dans ma vie. J’aimerais que tu comprennes ça. » Une boule qui nouait ton estomac. Cette même boule que tu avais eue au moment de tomber amoureuse de lui, que tu avais eue chaque fois que tu avais partagé un instant de bonheur avec lui, chaque fois que vous vous étiez déchirés ou que vos cœurs s’enivraient de l’autre. Ken était ton tout, cette note de couleur dans ta vie, ce feu qui te consumait. Tu ne pouvais subsister sans lui — c’était une souffrance trop immense à gérer. Sur ces mots, tu laissais un silence planer. Quelques sanglots t’échappaient avant que tu ne te ressaisisses, la voix étranglée. « Je comprends que tu sois en colère, que tu me vois comme la pire des garces. Mais crois pas que les choses sont faciles pour moi. C’est dur. J’en chie tous les jours et t’avoir en face de moi c’est pire. » Parce que sa présence lui rappelait ses erreurs. Pas celles d’avoir trompé son fiancé, mais celles d’avoir fait le mauvais choix. Elle voulait quitter Jonathan, mais elle n’y arrivait pas parce qu’il était son premier amour et qu’elle avait tout vécu avec lui. Mais jamais, jamais il ne pourrait lui apporter ce que Ken lui faisait vivre : une passion violente et enflammée. Elle ne voulait pas se confier. Pas aussi vite. Mais finalement elle l’avait fait, parce que Ken était le seul à faire naitre en elle une telle folie, en ne faisait rien. En existant, tout simplement.
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